Avec les flocons qui tombent du ciel, des nouveaux livres prennent vie chez Prise de parole ! En ce temps des Fêtes, suivre un régime et éliminer les PPP[i] de votre alimentation ne veut surtout pas dire se débarrasser des Pièces, Poètes et Poésie, c’est pourquoi nous vous suggérons d’ajouter nos deux nouveautés à votre bibliothèque!
Se taire, une pièce de Louis Patrick Leroux, est traversée par le souffle du silence, un silence provocateur qui ne peut que laisser soupçonner des vérités qu’on ne saurait entendre.
À son retour à son village natal après seize ans d’exil, Alexandra y est accueillie par une sororité de femmes qui pratiquent en sa mémoire un culte du silence. C’est qu’à l’époque, comme la mythique Cassandre, Alexandra avait le don de la prophétie troublante et la malédiction d’être toujours ignorée. Pourquoi ressurgit-elle dans le village aujourd’hui, épuisée et muette?
Se taire réussit le tour de force d’ériger en son centre le thème du silence, qui est incarné puissamment vu l’abondance de personnages muets en scène. La pièce fascine par le mystère des vérités inaccessibles à la parole. On appréciera aussi peut-être l’ironie d’une prédicatrice plutôt verbomotrice qui prêche le silence. Mais, devant Alexandra, on ne peut que parler trop.
Côté poésie, Mon temps d’éternité II de Sylvie Maria Filion, est le recueil qui fait suite au recueil précédent publié en 2008 qui porte le même titre et qui a remporté le prix littéraire du journal le Droit.
« J’ai la maladie du rêve », écrit Sylvie Maria Filion. Or, ses délires débridés qui peuvent sembler n’être qu’égarement de l’esprit cernent en fait le contraire : l’absolue inaliénabilité de la conscience. Et le lecteur se fera un aveu terrible : ce désarroi a un côté divertissant! Des réflexions sur l’amitié, la poésie, la beauté, l’estime, la maladie, la mort, l’éternité s’expriment à même une puissante fabulation qui leur insuffle une dimension cosmique.
Face à ces effarements, l’écriture est une défense salutaire, bien qu’incertaine, contre le désespoir qui loge au profond de l’intimité, là où l’on craindrait que rien ne puisse le contrer.
Parce que nous croyons
Que, à chaque fois que nous déposons notre plume sur le papier
Elle se transformera en visage
Ou en main
Ou en quelque chose de vivant
En fait
Elle nous tue doucement
Lentement
Mais, c’est une joie de la côtoyer
De marcher sur le lac avec elle
La franchise de l’aveu du trouble de l’esprit fait ressentir la puissance de l’écriture qui arrive à la contenir. Assumée sinon dépassée, la folie livre une sagesse – la sagesse de la folie.
Voir les communiqués : Se taire, Mon temps d’éternité II
Feuilletez les livres numériques : Se taire, Mon temps d’éternité II
[i] Régime qui vise à limiter la consommation de pain, pâtes et patates.